Crise, manque d'innovations, problèmes d'accueil : bientôt la fin d'une époque ?
Les ventes de camping-cars neufs ont baissé de 5%. Si cette chute persiste, dans dix ans les ventes auront diminué de moitié et l'on est en droit de penser que beaucoup de constructeurs pourraient alors être en difficulté, et même pour certains bien avant cette échéance. Seules, pourraient survivre les structures ayant la possibilité de concevoir rapidement et de produire de nouveaux véhicules répondant aux attentes des camping-caristes de demain, tant dans les gammes moyennes et supérieures, que dans les gammes les plus luxueuses. Y en a-t'il encore ? Produire demain c'est concevoir aujourd'hui. Concevoir aujourd'hui, c'est se mettre à l'écoute des clients quitte à repenser la conception du camping-car, c'est innover !
La population camping-cariste vieillit et seuls les riches retraités ont la possibilité d'acquérir ou de remplacer leur véhicule : il suffit d'observer les occupants des véhicules les plus luxueux... Dans quelques années, cette population va diminuer : les nouveaux retraités n'auront certainement pas les moyens de s'offrir des véhicules aussi onéreux et le marché de l'occasion a de beaux jours devant lui, mais seulement pour les véhicules qui seront encore utilisables et qui n'auront pas subi trop de dommages dûs aux infiltrations. Quant aux jeunes générations qui soit ont des emplois précaires, soit entrent à plus de 30 ans sur le marché du travail, elles penseront davantage à économiser pour essayer d'arrondir leurs fins de mois et pour disposer d'une retraite dont ils ne sont pas certains de pouvoir bénéficier. Le camping-car deviendra donc un produit de luxe accessible aux riches : les principaux constructeurs ont déjà des gammes luxueuses, et même de plus en plus luxueuses. Mais luxe n'est pas synonyme de conception sans faille ou de produit répondant parfaitement au client : ce dernier n'acceptera de débourser de telles sommes que si le véhicule correspond exactement à ses souhaits, s'il est fabriqué sur mesure.
Le regroupement des marques en grands groupes n'a pas apporté d'effets bénéfiques en matière de conception des véhicules et n'a pas eu l'impact escompté sur les tarifs, bien au contraire : la fragilité des nouveaux camping-cars est de plus en plus perceptible et ils sont moins accessibles financièrement, alors que la mutualisation et la modernisation des méthodes de fabrication auraient dû sabiliser les prix à défaut d'apporter une baisse conséquente des tarifs, tout en favorisant l'innovation dans la conception des camping-cars avec la généralisation des cellules monoblocs par exemple. Au contraire, tous les constructeurs ont privilégié les gains de productivité avec des solutions perfectibles et sans diminution des prix. En voulant moderniser leur production, ils ont donc fait des investissements trop lourds et recruté trop de salariés sans penser aux réelles innovations, ce qui ne leur a pas permis de diminuer les prix. La baisse des ventes impliquera une diminution de production, des réductions d'effectifs et donc le chômage pour nombre de salariés, la rentabilité des investissements sera alors remise en cause pour ces importantes structures industrielles dont certaines sont sorties de terre tout récemment.
Les constructeurs doivent donc songer à réagir rapidement et à proposer de nouveaux véhicules basés sur des concepts innovants répondant aux attentes réelles des clients camping-caristes, qui deviendront inmanquablement de plus en plus acteurs de la conception des véhicules de loisirs, de leurs véhicules de loisirs. Les solutions existent mais la conception des camping-cars et les techniques de fabrication sont à repenser, à modifier en profondeur. Il faut oublier les gadgets lumineux énergivores, il faut oublier ces cellules faites de bric et de broc et assemblées comme des boîtes à chaussures : si encore c'était le cas, elles seraient plus solides, plus fiables ! Il faut être audacieux, innover vraiment. Les tarifs pratiqués sur les modèles haut de gamme devraient permettre aux constructeurs d'oser innover, de proposer des produits sur mesure : ce n'est que trop rarement le cas. Seuls s'en sortiront les constructeurs qui auront su anticiper cette "mutation" et être davantage à l'écoute de leurs clients, que ce soit en gammes moyennes mais encore plus en gammes supérieures et luxueuses, ces dernières devant s'orienter vers du sur mesures.
Du côté de l'accueil, la situation ne va pas en s'améliorant. De plus en plus de monde s'intéresse d'un peu trop près à l'argent des camping-caristes. Des interdictions fleurissent un peu partout, la plupart étant abusives, discriminatoires, quand elles ne sont pas illégales, quasiment toutes associées à des solutions de stationnement payantes, le tout avec la bénédiction bienveillante des pouvoirs publics, même si les députés reconnaissent ces discriminations. Mais tant que cela permet de récolter de l'argent - celui des camping-caristes - il n'y a pas de problème : dès lors que l'on paie, on ne gène plus ! En conséquence des solutions d'accueil sont mises en place ou suggérées par les municipalités, voire même par des clubs camping-caristes censés défendre nos droits :
- aires municipales payantes aménagées ou simplement décrétées payantes sans aménagement ni autre forme de "procès", on trouve même des terrains vagues avec un panneau "camping-car - stationnement payant X euros",
- camipngs, solution bien connue mais aux tarifs très variés,
- et, depuis peu, aires privées mises en place par des réseaux de professionnels à des tarifs exagérés, genres de campings au rabais mais à prix fort.
Ces solutions d'accueil viennent compléter une offre déjà conséquente et constituée d'organismes tels que France-Passion, Camping-car d'hôtes, ou encore de l'offre Stop Accueil proposée par des campings mais onéreuse, parfois restrictive car souvent inaccessible en haute saison touristique, et donc inaccessible ou inutile.
Les élus devront désorrmais tenir compte des souhaits des citoyens camping-caristes en matière d'accueil et accepter qu'ils puissent stationner leurs véhicules sur les parkings publics dans les mêmes conditions que tout véhicule de tourisme. De même, les professionnels devront tenir compte des besoins des camping-caristes et proposer des offres adaptées à des conditions et des tarifs acceptables s'ils souhaitent attirer cette clientèle qu'ils lorgnent depuis des années.
Si les camping-caristes voient leur liberté de stationnement continuer à être bafouée, s'ils n'ont pas les moyens financiers de s'offirr un véhicule qui leur convient ou, plus simplement s'ils ne trouvent pas sur le marché ce véhicule, ils vont abandonner cette forme de loisirs, c'est d'ailleurs ce qu'ont déjà fait un certain nombre d'entre eux, c'est d'ailleurs ce que nous ferons dès que notre véhicule actuel sera hors d'usage si les produits et les conditions d'accueil n'évoluent pas dans le bon sens.
Des véhicules innovants, fiables et de qualité, répondant mieux aux attentes des clients camping-caristes, des localités respectueuses du droit de stationner, ce sont les clés du marché du camping-car des années à venir. Il est urgent que les constructeurs se réveillent pour revoir la conception de leurs véhicules afin de proposer des produits dignes de ce nom. Il est urgent que les municipalités revoient leur politique d'accueil des camping-cars.
Le consommateur qu'est le camping-cariste va de plus en plus devenir acteur dans la conception de son véhicule et des solutions d'accueil : est-ce bientôt la fin du racket, de l'arnaque ? Ou est-ce la fin du camping-carisme ? Nous seuls pouvons apporter la réponse : regroupons-nous, agissons, faisons pression sur les constructeurs, faisons pression sur nos élus ! Nous serons très bientôt les principaux acteurs du renouveau du camping-car !
