L'accueil des camping-cars à Port-Louis (56)

Les élus de la grande majorité des localités du littoral français (pas toutes encore, heureusement) ont une curieuse notion de l'accueil, mais aussi de l'interprétation de la Loi. Port-Louis (56) n'échappe bien sûr pas à la règle et les élus semblent savoir manipuler les textes, ils se sont donc octroyé le droit d'interdire le stationnement de tout véhicule de plus de 2,10m de haut sur la Côte Rouge, les voies longeant le littoral de la ville, à ceci près que si cette interdiction était respectée à la lettre, ce qui devrait être le cas, aucun artisan, aucun professionnel doté d'un tel véhicule ne pourrait intervenir dans cette zone. Si cela est tout-à-fait légal car la réglementation concerne, en théorie, tous les véhicules de plus de 2,10m de haut, la mise en application est toute différente. Si vous consultez la carte que vous trouverez ci-dessous en fichier joint, vous vous apercevrez qu'en réalité, ces véhicules ont en principe interdiction de stationner en ville, les camping-cars, par contre, ont le droit de stationner sur les deux aires autorisées et payantes. Et les autres véhicules, ils font comment ? Et c'est là la subtilité : ordre est donné aux agents de la Police Municipale de ne verbaliser que, devinez qui ? Sur le site internet de la Ville, vous verrez de magnifiques photos, vous laissant supposer que vous serez accueillis en des lieux idylliques : la réalité est toute différente car l'une des aires est située dans un carrefour triangulaire très fréquenté sur ses 3 côtés, tandis que l'autre, plus chère (10 euros de mi avril à mi octobre et 7 euros en-dehors de cette période) car soi-disant en camping, est située à l'extérieur et à proximité du camping municipal, une rue séparant les deux. Il y aurait eu comme une extension du camping, comme ça, juste parce que des camping-cars y ont parfois stationné, que ce ne serait pas étonnant !

Dans un article d'un journal local, Madame La Maire prétend vouloir faire payer les services : elle semble donc confondre aire de services et stationnement, mais également stationnement et utilisation d'un camping-car, mélangeant habilement Code de la Route, Code des Collectivités Territoriales et surtout Code de l'urbanisme qui, comme chacun le sait, ne s'adresse qu'au domaine privé - Article R111-30. Il est également fort étonnant que ces soi-disant services coûtent plus cher en saison que hors saison : c'est une curieuse manière d'interpréter les textes officiels et une notion d'équité à caractère plutôt financier ! De plus, il est évident que l'utilisation de l'aire de services coûte 2 euros en plus du stationnement ! Il ne faut quand-même pas exagérer, ce n'est pas le même budget de fonctionnement !

Par contre, et l'on peut aussi comprendre cette hostilité, certains imbéciles se seraient octroyé le droit de s'installer sur cales plusieurs semaines au même endroit : ce n'est pas à l'ensemble de la communauté de faire les frais et de payer pour ces gens indélicats et irrespecteueux. Si un agent de la Police Municipale peut verbaliser un véhicule qui n'a pas son ticket horodateur, il peut beaucoup plus facilement "éjecter" un squatteur installé depuis plusieurs jours, mais cela rapporte moins ! Il est, en effet, beaucoup plus rentable d'extorquer de l'argent aux camping-caristes et récolter 120 fois 7 euros par jour pendant 6 mois que 11 euros, à l'époque, une fois ou deux dans l'année pour stationnement prolongé ! Vous vous rendez compte ! 840 euros par jour pendant 6 mois, soient 25200 euros par mois et 151200 euros par an ! Sans compter les 4 euros par jour pendant les 6 autres mois, 480 euros par jour, 14400 euros par mois et 86400 euros par an, soit la modique somme de 237600 euros par an, sans compter les 2 euros par utilisation des bornes de services. En réalité, la somme est encore plus importante car ce calcul n'est effectué que sur le tarif de l'aire la moins chère... Mais c'est aussi une estimation car la ville a compté 60 000 camping-cars par an et l'on peut s'accorder à dire que le stationnement des camping-cars rapporte plus de 200 000 euros par an à la Municipalité de Port-Louis : ces sommes étant amassées depuis 2009, nous osons espérer que nous allons pouvoir disposer dès 2012 d'aires d'accueil luxueuses, aux larges emplacements stabilisés, ombragés, délimités par de belles haies basses arbustives, avec vue sur l'Océan Atlantique... et l'odeur de ses algues vertes. Je vais donc me reconvertir dans l'accueil des camping-cars étant donné que je dispose d'un terrain : à la campagne, il n'y aura pas les algues vertes et une soixantaine de véhicules à 10 euros par jour, cela me rapportera 600 euros par jour, 18000 euros par mois, et donc 216000 euros par an : c'est beaucoup par rapport aux 23000 euros actuels que me rapporte mon salaire, même si en réalité je ne récolte qu'à peine la moitié de cette somme (100 000 euros) !

Ainsi, démonstration est faite que certains agissements rendus légaux peuvent rapporter gros et les sommes récoltées ne sont pas imposables : essayez, vous, d'en faire autant, vous verrez la manière dont vous serez taxés ! Quelle destination a cet argent ? Mystère ! En effet, aucune amélioration des lieux de stationnement na été constatée, ni à Port-Louis, ni ailleurs en fait : l'argent est donc utilisé à d'autres fins, il est simplement détourné. Bravo ! Chacun aura le loisir d'en tirer les conclusions qu'il estimera judicieuses...