Les professionnels du camping-car vous mentent
Ce mois-ci, le magazine « Masters infos » a fait fort. Dans un article intitulé « La Liberté malgré la polémique », le support de publicité des professionnels nous a pondu un vibrant réquisitoire à l’encontre des camping-caristes râleurs qui se plaignent, je cite : « de la multiplication des arrêtés municipaux restreignant leurs libertés fondamentales ». Le tout, avec en tête de gondole, une superbe photo d’un camping-car stationné à même la plage, affichant de surcroît le déballage de matériel ad hoc, et tout ça en plein été si on en juge la tenue vestimentaire des occupants. Il est vrai qu’auprès d’un potentiel acquéreur, une telle image ne peut être que positive. Par contre, pour tout utilisateur expérimenté, la tromperie est plus que flagrante. Et écrire que les communes hostiles aux camping-cars constituent une infime minorité relève de la manipulation de chiffres. Le bon conseil que les bienveillants professionnels nous prodiguent est le suivant : évitez les bords de mer. Alors là, je hurle de colère et d’indignation. Pourquoi moi, ayant choisi le camping-car comme formule de vacances devrais-je faire l’impasse sur le littoral ? C’est vrai qu’au milieu de nulle part, où il n’y a rien à faire et rien à voir, le stationnement ne pose pas de problèmes. Mais je me vois mal expliquer à mes enfants que la mer ce n’est plus pour nous et que désormais nous nous contenterons de la rase campagne. Et attention, surtout pas à proximité d’un lieu touristique, car même l’Auvergne évoquée dans l’article commence à ne plus être praticable en certains endroits. Et pendant qu’on y est, faisons également l’impasse sur la belle saison que nous laisserons au tourisme « rentable », tant pis pour les vacances scolaires !!! En novembre ou en décembre, nous sommes mieux « tolérés »... C’est d’ailleurs ce que m’ont dit les commerçants de l’île d’Oléron où je viens de passer quelques jours : « En basse saison, les camping-cars sont finalement bien pratiques en continuant de procurer des revenus aux commerçants locaux »... Voilà donc le rôle qui nous incombe, celui de bouche trou du chiffre d’affaires. Quant aux interdictions évoquées par les camping-caristes « râleurs », pas un mot sur leur caractère illégal. Cela viendrait sans doute instaurer un climat de conflit préjudiciable au business du camping-car qui d’ailleurs est moins florissant. On préfère parler des 1400 aires de service réparties sur le territoire, même si cela n’est rien d’autre qu’un miroir aux alouettes... En résumé, partons en arrière-saison, stationnons dans l’arrière-pays, et nos vacances auront un arrière-goût bien amer...... Merci Masters !
J-Y Morand
