Les choix

Aménager un camping-car nécessite de faire des choix. Rappelons que nous prendrons l'exemple d'un fourgon tôlé car il y a peu de travaux de carrosserie. Nous devrons donc :

• choisir le véhicule porteur
• choisir la ou les énergies pour le chauffage
• choisir le système de chauffage
• choisir les systèmes de production d'électicité
• choisir le type de réfrigérateur et de plaque de cuisson

Certaines décisions nécessiteront de faire d'autres choix : si l'on décide par exemple de ne pas utiliser le gaz en tant qu'énergie mais de le remplacer par le carburant du véhicule, cela nécessitera d'utiliser d'autres technologies d'équipements : chauffage, plaque de cuisson et réfrigérateur. Nous détaillerons tout ceci dans cet article.

Le véhicule porteur

Le véhicule porteur est la base de l'aménagement de notre camping-car. Dans tous les cas, un véhicule diesel sera utilisé car il n'en existe plus fonctionnant à l'essence, leur consommation serait d'ailleurs rapidement exorbitante ! Selon le budget disponible et la date d'obtention du permis de conduire de type B ou la détention d'un permis C, on pourra s'orienter vers un véhicule neuf ou d'occasion, de moins de 3,5 tonnes ou poids lourd. Dans la très grande majorité des cas, un véhicule de moins de 3,5 tonnes sera utilisé.

• La solution du véhicule neuf, si elle est la plus onéreuse, offre pourtant d'importantes possibillités de personnalisation et d'options chez les constructeurs proposant ces gammes de véhicules.
• La solution du véhicule d'occasion, bien que moins onéreuse, limitera les choix en matière d'options, de coloris, et la recherche du véhicule souhaité prendra plus de temps, d'autant plus si l'on souhaite un véhicule de plus de 3,5 tonnes : le client effectuera son choix parmi les véhicules disponibles sans possibilité d'ajouter quelqu'option que ce soit, à part en accessoire.

De même, le type de châssis influera sur la rigidité du véhicule :

• un châssis dont les longerons sont des profilés en U ou en C aura davantage tendance à se déformer car ces profilés se vrillent plus facilement,
• un châssis dont les longerons sont des profilés carrés se déformera beaucoup moins car ces profilés ne se vrillent pas.

En réalité, l'impact sera bien moins important dans le cas du fourgon car il conservera la structure d'origine de la partie aménageable qui n'existe pas dans le cas d'un camping-car fabriqué industriellement et auquel aura été greffée une cellule dépourvue de toute structure sécuritaire.

Si l'on choisit un véhicule neuf, il sera possible de prendre des options telles que la climatisation de cabine, des sièges pivotants grand confort, un ordinateur de bord permettant de mesurer la consommation de carburant, ou encore un régulateur ou limiteur de vitesse : les puissantes motorisations actuellement disponibles permettent d'atteindre des vitesses de croisière dépassant largement les limites autorisées, même sur autoroute... Sans oublier, la possibilité chez certains constructeurs de supprimer, en option gratuite, l'énorme porte latérale coulissante afin d'améliorer les possibilités d'aménagement : le client effectue son choix à la commande selon les options et coloris disponibles. Les motorisations puissantes seront certainement disponibles sur des véhicules d'occasion, il sera peut-être alors intéressant d'acquérir des sièges pivotants de cabine de manière à disposer de 2 places supplémentaires autour de la table de salon dans le cas où l'on souhaite l'implanter derrière la cabine.

En ce qui concerne le confort routier, dans les deux cas il sera possible d'opter pour des renforts de suspension arrière ou un système pneumatique procurant un confort incomparable : soit en option à la commande du véhicule neuf chez certains constructeurs, soit installé ultérieurement sur le véhicule neuf ou d'occasion. Dans le cas d'un véhicule d'occasion, l'état de la mécanique sera bien évidemment examiné à la loupe, de même que l'absence de trace de corrosion sur la carrosserie ou au niveau du châssis, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur, l'état des pneus et surtout des suspensions, notamment à l'arrière où elles sont en général constituées de ressorts à lames : l'aménagement apportera une charge permanente et des lames déjà "fatiguées" ne résisteront pas très longtemps à ce poids supplémentaire.

L'isolation

Il existe un certain nombre de solutions et de matériaux permettant d'isoler correctement un véhicule. Dans le cas qui nous préoccupe, on recherchera à conserver un maximum de largeur utilisable à l'intérieur de la cellule : il semblera judicieux d'utiliser des matériaux de faible épaisseur mais ayant un fort pouvoir isolant. Il existe des matériaux multicouches répondant à ces critères et donnant satisfaction, même s'ils sont moins performants que le polyuréthane ou le fameux XPS. Par contre, le plancher et le plafond ne nécessitent pas de contrainte particulière en ce sens, des matériaux plus épais et plus denses pourront donc être utilisés, notamment pour le plancher où un matériau isolant très dense aura l'avantage de pouvoir être recouvert d'une feuille de polyester, ce qui permettra de bénéficier d'un gain de poids important et excluera tout risque de pourrissement, tandis qu'un matériau peu dense exigera la pose d'un contreplaqué marine, beaucoup plus épais et donc plus lourd, et sujet éventuellement au pourrissement en cas d'infiltration toujours sournoise due à une fuite ou une entrée d'eau via des ouvertures pratiquées dans le plancher par exemple (évacuation du gaz en cas de fuite).

Il est également possible d'utiliser de la mousse de polyuréthane injectable entre la paroi et l'habillage intérieur. Cette solution permet de remplir parfaitement les corps creux, la mousse ayant la particularité de s'expanser et de doubler progressivement de volume au contact de l'air. C'est pour cette raison qu'il ne faut pas la projeter car les quantités à utiliser seraient difficilement maîtrisables, sans parler de l'aspect bizarroïde de la paroi obtenue une fois la mousse séchée. Par contre, cette mousse dégageant des gaz plus ou moins nocifs pendant une période assez longue, il sera nécessaire d'aérer souvent le véhicule. On fixera l'habillage petit à petit et on injectera la mousse au fur et à mesure de manière à bien remplir l'espace entre la paroi du véhicule et l'habillage intérieur.

Les énergies

En général, les équipements d'un camping-car fonctionnent au gaz Propane et à l'électricité.

Le gaz Propane est disponible en bouteilles de diverses capacités (3kg, 13kg, et aussi 10kg) et dont le raccord est différent d'un pays à un autre : si l'on décide de partir à l'étranger, il vaudra mieux s'assurer d'avoir les deux bouteilles bien pleines car il sera impossible de les échanger et difficile d'en faire le plein. On peut aussi optér pour de bombonnes de GPL que l'on remplira dans une station-services, mais toutes de le proposent pas. Mais les risques de fuites, bien que rares, ne sont pas négligeables et sont souvent dues à un mauvais serrage des raccords ou à leur desserrage dues aux vibrations véhicule roulant. L'installation de gaz nécessite des ouvertures d'aération pour le réfrigérateur, justement en cas de fuite, mais aussi pour permettre à l'air frais d'entrer vers le brûleur et à l'air chaud de s'évacuer. Elle exige également une ouverture dans le plancher pour permettre au gaz de s'échapper vers l'extérieur du véhicule en cas de fuite, en espérant qu'elle ait lieu juste au-dessus ! Lorsque les températures sont fraîches, et bien que des caches extérieurs soient censés protéger l'habitable, cet air frais ne manque pas de pénétrer dans la cellule et de générer de très désagréables sensations. De plus, ces entrées sont sous la forme de grilles extérieures au véhicule et permettent à certains individus mal intentionnés de projeter des gaz soporifiques pour endormir les occupants afin de "visiter" le véhicule et de faire leur choix sur le contenu à emporter... En contrepartie, la Propane est moins polluant que le carburant du véhicule.

L'électricité est disponible sur tout véhicule, mais il est hors de question d'utiliser la batterie du moteur car c'est une batterie de démarrage qui n'a pas les caractéristiques nécessaires au fonctionnement des équipements de la cellule. Une seconde batterie de type stationnaire sera donc installée et à usage exclusif de la cellule. Elle sera rechargée véhicule roulant via un dispositif appelé coupleur/séparateur. De même, un chargeur de batterie permettra sa recharge sur secteur, véhicule à l'arrêt. Un ou plusieurs panneaux solaires, gérées par un boîtier de régulation, pourront compléter le système de manière à avoir une totale autonomie électrique aux beaux jours. Désormais, il existe un appareil permettant de charger les batteries automatiquement selon la source d'énergie disponible la plus appropriée : l'alternateur véhicule roulant, le ou les panneau(x) solaire(s) ou le secteur, il évite donc l'installation d'un régulateur pour panneau solaire. De la mâme manière, certaines batteries modernes au Lithium intègrent toute cette électronque mais leur prix est encore élevé.

Le carburant du véhicule peut également permettre le fonctionnement de la chaudière de chauffage et de production d'eau chaude : plus énergétique que le gaz Propane, il a l'avantage d'être disponible dans toute station service de la planète. Il permet de libérer l'espace qu'occuperait le coffre des bouteilles de gaz et d'économiser leur poids. Les équipements l'utilisant ne nécessitent pas de grille d'aération, sources des inconvénients cités plus haut (confort, sécurité). Par contre, le choix de ce carburant nécessite l'utilisation d'équipements différents : il faudra s'orienter vers une plaque de cuisson diesel et un réfrigérateur à compresseur électrique. Il existe également une "cuisinière" diesel combinant une plaque de cuisson et un four. Ces équipements diesel on l'inconvénient d'être un peu plus bruyants, un peu plus polluants, et surtout plus chers que leurs homologues au gaz, mais leur consommation en carburant est moindre et leur pouvoir calorifique supérieur à consommation équivalente. En général, les équipements récents permettent d'utiliser des caburants dits "verts", moins polluants. Une fois installés, ces équipements nécessitent moins d'entretien que leurs homologues au gaz et assurent une meilleure autonomie surtout en hiver où une bouteille de gaz Propane de 13 kg ne dure que 4 ou 5 jours, tandis que le plein de carburant effectué, l'autonomie d'un chauffage diesel devient beaucoup plus importante. Par contre, les bougies d'allumage des appareils diesel nécéssitent une alimentation 12 volts relativement musclée, surtout en saisons froides car elles sont sollicitées à chaque démarrage de l'appareil de chauffage notamment.

Le chauffage

Il existe deux procédés permettant de chauffer une cellule de camping-car :

• l'air pulsé
• le chauffage central à circulation liquide

L'air pulsé est issu d'un système de chauffage utilisant un corps de chauffe dont l'air chaud est insufflé par un ventilateur et diffusé dans la cellule, via des tuyaux, par des bouches judicieusement disposées et dont le débit est réglable manuellement.

Le chauffage central est un système constitué de radiateurs installés quasiment tout autour de la cellule, dans lesquels circule un liquide caloporteur chauffé par une chaudière. Ce système peut également assurer la production d'eau chaude. Pour une efficacité maximale, la longueur totale des radiateurs mis bout à bout doit faire 1,5 fois la  longueur de la cellule : pour une cellule de 3 mètres, il faudra installer l'équivalent de 4,5 mètres linéaires de radiateurs, chaque mètre ayant une puissance calorifique de 400 watts. L'utilisation d'aérothermes avec ventilateurs permettra de diminuer cette longueur en contrepartie d'une consommation électrique supérieure et de quelques nuisances sonores...

Dans les deux cas, un thermostat permet d'ajuster la température souhaitée en cellule. Ces deux systèmes peuvent fonctionner au gaz Propane ou grâce au carburant du véhicule. Les choix sont donc multiples car on peut très bien choisir d'utiliser une chaudière diesel tout en choisissant le gaz Propane pour la plaque de cuisson et le réfrigérateur, ou encore opter pour un réfrigérateur à compresseur électrique.

A l'heure des choix

L'on voit donc que les différents choix peuvent devenir rapidement un vrai casse-tête, mais dépendent également du budget de l'utilisateur qui va aménager ou faire aménager son fourgon.

Des dimensions du véhicule dépendra l'implantation intérieure :

• on supposera que le véhicule dispose d'une hauteur intérieure suffisante ou aura été choisi doté d'une surélévation permettant d'obtenir cette hauteur, un véhicule offrant une largeur intérieure suffisante permettra d'implanter un couchage transversal à l'arrière de la cellule, l'avantage de cette implantation étant de disposer d'une longueur aménageable supérieure et donc d'offrir davantage de possibilités concernant la disposition du cabinet de toilette, de la douche, du salon, etc...

Du choix du système de chauffage dépendra l'implantation générale du mobilier :

• un chauffage à air pulsé ne nécessitera que de l'espace pour passer les tuyaux d'air chaud selon l'implantation judicieuse des bouches de diffusion, tandis qu'un chauffage central nécessitera une dispostion du mobilier permettant l'installation des radiateurs ainsi qu'un espace suffisant pour la circulation de l'air ambiant entre les ailettes des radiateurs et la diffusion de l'air chaud.

De même, si l'on décide de ne pas utiliser d'appareils fonctionnant au gaz, il ne sera pas nécessaire de prévoir l'implantation d'un coffre à bouteilles de gaz ni de place dans un coffre pour l'appareil de chauffage, la chaudière s'installant, en général, sous le plancher du véhicule. Ce choix impliquera aussi l'utilisation d'un réfrigérateur à compression dont le bloc technique sera également fixé sous le plancher. Il sera évidemment nécessaire d'opter pour une plaque de cuisson diesel. Ce choix aura aussi une répercussion sur les travaux de carrosserie et évitera de devoir découper les parois pour y disposer les grilles d'aération du réfrigérateur ainsi que le plancher pour les éventuelles fuites de gaz.

Par contre, ce choix de ne pas utiliser le gaz impliquera une consommation électrique plus importante de la part des équipements utilisant habituellement ce combustible : la chaufferie et la plaque de cuisson sont équipées de bougies de préchauffage consommant une certaine intensité pendant leur phase d'allumage, le compresseur du réfrigérateur également. Il sera judicieux de prévoir une deuxième batterie de cellule ainsi qu'un coffre permettant d'installer les deux batteries et l'équipement électrique associé de manière à avoir un câblage aussi court que possible pour ces éléments proches des batteries : coupleur-séparateur, chargeur, etc... Ce coffre sera, de préférence, isolé de l'intérieur de la cellule et devra permettre l'évacuation des gaz issus des batteries.

Le matériau utilisé pour réaliser le mobilier devra être relativement léger : il sera illusoire de songer à installer du mobilier en chêne massif par exemple ! Le gain de poids pourra se faire sur l'épaisseur des panneaux utilisés qui pourra être différente selon leur fonction.

Avant de fixer définitivement ses choix, on évaluera avec le plus de précision possible le poids total de l'aménagement : matériau isolant, habillage, revêtement de sol, batteries, appareillages et équipements, mobilier, sommier et matelas, coussins, sièges. L'ensemble, auquel sera ajouté 75kg par passager, 80% du poids de la quantité du réservoir d'eau potable envisagée et du réservoir à carburant, éventuellement des bouteilles de gaz, ne devra pas excéder le Poids Total Autorisé en Charge (PTAC) du véhicule porteur. De ce PTAC sera déduit le poids calculé afin d'évaluer la charge utile disponible : c'est le poids total de ce que l'on pourra mettre dans les placards (vaisselle, vêtements, aliments, etc...). Si cette charge est jugée trop faible, il sera possible de diminuer la contenance des réservoirs d'eaux potable et usées, tout en essayant de conserver une quantité correcte permettant une autonomie de 3 à 4 jours.

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