Aurait-on des sentiments pour son camping-car ?
Lorsque vous avez choisi soigneusement votre camping-car, n'est-ce pas sur un coup de coeur pour ce modèle ? Son agencement, sa décoration, les boiseries, les tissus, les équipements, son confort : c'est souvent un "flash" pour un modèle particulier qui fait qu'on le choisit. Au fil des ans, son utilisation régulière fait que l'on s'y attache : certes, il présente des inconvénients, mais ils sont bien légers dans la balance face aux satisfactions qu'il nous apporte. On le bichonne, on améliore certains points, on ajoute quelques accessoires, des bibelots, on change les rideaux pour le personnaliser, on l'utilise avec bonheur.
Et puis un jour, on envisage de le remplacer : que de nuits d'insomnies, va t'on trouver un modèle aussi bien conçu, aussi bien fini, pas trop cher ? Va t'on réussir à vendre son véhicule actuel, en obtiendra t'on un bon prix ? Est-ce une folie que de vouloir le remplacer dans le contexte économique actuel ? Sera t'on en mesure de rembourser le prêt pour le nouveau véhicule ? On visite les concessions locales, on se déplace jusque dans les concessions voisines de plus de cent kilomètres, on revient déçus. Ce n'est qu'après parfois plusieurs mois de recherches que l'on tombe sur la perle rare : c'est à nouveau une âpre négociation pour obtenir une remise sur le modèle convoité avec une reprise raisonnable de son véhicule actuel. Finalement, on y laisse toujours "des plumes" lorsque l'on signe le bon de commande... Est-ce bien raisonnable ?
Puis vient l'attente du nouveau véhicule. On évite d'utiliser son véhicule actuel, de peur qu'il subisse quelque dégradation. On se remémore les bons moments que l'on y a passés et on a une certaine appréhension quant à son remplaçant : comment va t'on faire ceci, où va t'on mettre cela ? On réétudie l'implantation, on consulte régulièrement la documentation et le double du bon de commande laissés par le concessionnaire, on refait ses calculs pour le remboursement du prêt, le tout ponctué de nouvelles nuits d'insomnies.
Le jour J arrive enfin, on se rend à la concession avec son véhicule qui va être laissé sur place, quand il n'a pas été repris plus tôt, et on va repartir avec le véhicule tout neuf. On découvre enfin sa nouvelle acquisition : surprises ? déceptions ? C'est toujours un moment de vive émotion que de faire connaissance avec un nouveau véhicule de loisirs. Le préparateur nous fait faire le tour du propriétaire, nous explique le fonctionnement des différents équipemements, puis c'est la signature des papiers et du chèque, remise des clés, et c'est parti pour, on l'espère, de longues années de satisfactions avec ce nouveau véhicule.
Ces nuits d'insomnies, ces cogitations, ces kilomètres et mois de recherches, ces émotions, ces soucis aussi, sont bien la preuve que l'on s'attache inconsciemment à cet objet qu'est notre véhicule de loisirs : on l'a choisi, on l'a utilisé, on y a vécu de bons moments que l'on n'oubliera jamais. On a toujours un pincement au coeur lorsque l'on s'en sépare : qui va l'utiliser ensuite ? Le nouvel acquéreur saura t'il en prendre bien soin comme nous ? Alphone de LAMARTINE l'avait d'ailleurs déjà écrit :
Objets inanimés, avez-vous donc une âme
Qui s'attache à notre âme et la force d'aimer ?
